Nouvelle : En perdition

Publié le par lescréationsdemanon.over-blog.fr

Nouvelle écrite pour un concours, avec pour consigne :

Doit obligatoirement commencé par la phrase "ça faisait longtemps qu'il n'avait pas croisé sa gueule dans un miroir".

4 à 6 pages maximum.

Vous en pensez quoi pour un premier essais ?

 

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Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas croisé sa gueule dans un miroir, ce fut un choc. Le teint gris, les yeux cernés, la barbe hirsute, il ressemblait à un taulard ravagé par les soucis et l'ennui. Il faut dire qu'après 3 mois passés sur un lit d'hôpital, le corps meurtri et entouré de femmes en blouses blanches qui vous lavent comme une carcasse vide, la coquetterie n'est plus une priorité. Appuyé sur le lavabo de sa salle de bain miteuse, il s'observait avec attention. 

  -   Allez, reprend-toi !

Il n'était plus que l'ombre de lui même. Dans un coin de la pièce, une infirmière ligotée avec un drap, pleurait de frayeur. Il lui lança un regard menaçant et lui ordonna de la boucler. Elle se tue. C'était le chaos dans sa tête depuis qu'il avait ouvert les yeux ici. Lui qui était si sûr de ses priorités se demandait quels étaient les choix à faire aujourd'hui. Le premier, ça il en était certain, était de se barrer d'ici au plus vite. Il se dirigea vers son placard et sortit un sac qu'il remplit de ses affaires. Il attrapa un vieux survêt, un sweat-shirt et une paire de baskets, les enfila à la hâte et sorti, fermement décidé à finir ce qu'il avait commencé. Il se sentait très faible et ses jambes lui faisaient atrocement mal. Mais pas le temps de se reposer, il soufflerait une fois dehors. Personne dans les couloirs, c'était sa veine. Il arriva au rez-de- chaussé sans encombre. C'est alors qu'un membre du personnel l'interpella. Il ne se retourna pas, descendit rapidement les marches de l'entrée et continua à avancer. Il priait pour ne pas être rattrapé. Au bout de la rue il prit à droite et se retrouva sur une grande avenue. Une fois mêlé à la foule, plus personne ne le retrouverait.

 

 

  -   Madame Tapia ? Ici l'hôpital St Joseph, je vous appelle parce qu’on a un problème. Alexandre est

      introuvable. Nous avons cherché partout mais aucune trace de lui.

Elle les avait pourtant prévenus. Il fallait garder un œil sur lui sans quoi il risquait de faire une bêtise. Mais comment pouvait-on quitter un hôpital, si mal en point sans que personne ne vous remarque. Elle raccrocha, attrapa son sac et quitta l'appartement en direction du garage. Une fois dans sa voiture, elle prit son téléphone et composa un numéro. Une voix d'homme répondit :

  -   Allô ?

  -   C'est moi. Alex a encore disparu. Je pense qu'il va recommencer. Préviens tout le monde. Je ne veux

      pas revivre la folie de la dernière fois. Je suis en chemin, j'arrive.

 

 

Il ignorait depuis combien de temps il marchait et ne savait même pas où il était. La souffrance que ses jambes lui infligeaient devenait insoutenable. Il était à cran. Il s'engouffra dans une petite ruelle et s'assit sur le perron d'un vieil immeuble. Il fallait qu'il retrouve cet homme, coûte que coûte, et qu'il finisse le boulot. Il était obsédé par cette idée, se promettant qu'il s'agirait là de sa dernière mission. Il devait penser à construire sa vie maintenant. Il ne supportait plus de vivre seul et d'obéir aux ordres comme un bon chien bien dressé. Lui aussi voulait une femme, des enfants et une maison. Mais pour ça, il fallait tout arrêter. Il n'avait pas un rond en poche et devait penser à une façon d'y remédier. Personne ne pourrait l'aider dans cette ville, il était seul livré à lui même. Il fallait qu'il trouve un plan. Toujours saisi de douleur, il se releva. Sa détermination était à toute épreuve et il avait décidé que ce serait aujourd'hui que tout prendrait fin. Il fallait à tout pris qu'il se repère dans ce dédale de rues. Après dix pénibles minutes, il vit une papeterie et entra. Il trouva une carte de la ville et l'ouvrit. Il avait lu "Rue de Lodi" sur un panneau. Apparemment il n'était pas loin du centre ville. Il lui fallait cependant partir à l'opposé. Sans argent et clopinant, il était coincé. Une idée lui vint soudain. C'était de la folie mais il n'avait rien à perdre. Il chercha la présence d'éventuelles caméras mais ne vit rien. Il sortit un t-shirt de son sac et le plaça sur son visage de façon à ce qu'on ne puisse voir que ses yeux et son front. Il prit une grande inspiration, observa l'homme derrière sa caisse et avança, le regard noir, en sa direction.

 

 

  -   J'ai l'impression qu'on ne s'en sortira jamais...

  -   Écoute Anaïs, tu sais ce que j'en pense. On est amis depuis longtemps mais il faut te rendre à

      l'évidence, tu ne peux plus l'aider, plus toute seule en tout cas. Il faut...

  -   C'est hors de question Éric, tu m'entends ! Ça fait 5 ans que je me bats pour lui. Ce n'est qu'une

      victime dans l'histoire. Sans ces ordures on n'en serait pas là. Ils lui ont tout pris : ses rêves, sa raison,

      sa vie. Je sais que derrière cette folie, il est toujours là. Alors si tu ne veux plus le soutenir, libre à toi,

      mais moi je continue.

Un lourd silence pesa sur la pièce. Combien de fois s'étaient-ils retrouvés autour de cette table, combien de fois avaient-ils eu cette conversation?

  -   J'ai appelé les nouveaux locataires de la maison pour ne prendre aucun risque. Ils m'ont dit qu'ils

      seraient là d'ici une heure. Tu seras seule avec lui là-bas, alors s'il te plait, sois prudente.

Elle savait qu'il ne l'abandonnerait pas. Ils échangèrent un regard entendu, mais elle perçut chez lui une lueur différente. Était-ce de la colère ou bien de la tristesse, elle n'aurait pu le dire. Elle se leva et se dirigea vers la porte d'entrée. Peut-être avait-il raison, il lui faudrait faire appel à des professionnels, elle ne pourrait plus assumer bien longtemps.. Cette idée lui tordait le cœur, mais elle se promit d'y penser une fois tout cela terminé.

 

 

Deux cents cinquante euros ! Il avait massacré ce type pour deux cents cinquante euros. Mais il n'avait pas eut le choix. Il ne pouvait pas prévoir qu'il aurait une batte derrière le comptoir. Peut-être était-il toujours en vie après tout. Peu importe, il ne voulait pas y penser. Les mains encore tremblantes, il demanda à un passant où se trouvait la station de taxi la plus proche. Il lui faudrait marcher encore un peu. C'était la dernière ligne droite. Après ça, il achèverait sa mission et pourrait enfin se reposer.

  -   Quelle adresse M'sieur ?

  -   Boulevard Louis Pierroti.

Il ne savait pas ce qu'il lui était arrivé ces trois derniers mois, ni comment il avait atterri à l’hôpital. Il ne savait même plus vraiment où il habitait, ni qui il était. Mais cette adresse, il ne l'oublierait jamais. Il aperçut son reflet dans le rétroviseur. Il ne se reconnaissait décidément pas. Où était passé le type charmant au regard de feu qu'il était il n'y a encore pas si longtemps. Celui qui avait réussi sa vie.

       Anaïs... Anaïs...

Pourquoi ce prénom lui venait-il en tête soudain ? Qui était cette Anaïs ? Il essaya de rechercher au fond de sa mémoire qui pouvait-être cette femme, mais rien. Son cerveau lui jouait des tours ces temps ci, il le savait. Mais il n'avait pas de temps à perdre avec des questions inutiles, pas maintenant, il fallait qu'il se concentre. Cependant ce nom résonnait dans sa tête sans qu'il puisse expliquer pourquoi. Il regardait le paysage par la fenêtre. Un sentiment d'impatience et d’excitation l'envahit. Il savait qu'il approchait de sa cible. Il savait qu'il serait bientôt libéré.

 

 

Cela faisait plus d'une heure qu'elle l'attendait, garé dans un sous-bois à proximité de la maison, quand elle vit un taxi arriver. Sa respiration s’accéléra. Elle savait que l'homme qui allait en descendre serait aussi dangereux que vulnérable. Elle le vit sortir de la voiture et se diriger vers le grand portail. Il attendit que le taxi quitte les lieux et posa son sac à terre. Il ouvrit la porte métallique et avança prudemment, contournant la bâtisse. Elle prit un livre sur le siège passager, quitta silencieusement la voiture et alla le rejoindre. Quand elle l'eut rejoint elle vit qu'il s'était saisit d'une barre métallique qui trainait par là.

  -   Alex ? S'il te plais ne fais pas ça.

Il sursauta et brandit son arme de fortune devant lui.

  -   T'es qui toi ? Bouge pas !

  -   Ok ok, je bouge pas ! C'est moi. Anaïs.

  -   Anaïs ? … Je... je ne te connais pas. Tu veux quoi ? 

  -   Je veux juste discuter. Il faut que je t'explique deux ou trois choses. Mais il faut que tu te calmes. 

  -   Je suis très calme, mais tu ne peux pas rester. Tu ne peux pas rester ici. C'est dangereux !

Il était anxieux à l'idée de se faire prendre. Sa voix tremblait. Cette femme allait tout faire capoter.

  -   Il n'y a personne à l'intérieur. Juste toi et moi. Est-ce que tu sais au moins où tu es ?

  -   Écoute, le type qui crèche ici s'appelle Alexandre Tapia. Il est dangereux et c'est pour ça qu'il faut que tu

      partes. Il doit payer pour ce qu'il a fait. 

  -   Tu es Alexandre Tapia ! Je sais que c'est difficile à croire, mais tiens, regarde !

Elle lui tendit l'album. En première page, une carte d'identité. Alexandre Tapia, né à Marseille le 29 août 1978. C'était bien lui sur la photo. Il ne comprenait pas. Il y avait aussi un certificat de mariage, avec ce même nom et celui d'Anaïs Borde. Ses pensées s’embrouillèrent, c'était impossible. Il vit alors une photo : lui et cette femme, ici même devant cette maison. Ils avaient l'air heureux, amoureux. Il lui lança un regard apeuré, que faisait-il là ? Qui était cette femme ? Et pourquoi avait-il son prénom en tête en venant ici, alors qu'il ne l'avait jamais vu ? Il tourna la dernière page de l'album : un bracelet de maternité, bleu, au nom de Jules.

  -   Ça veut dire quoi ? Aboya-t-il. 

  -   Alex, je suis ta femme et cette maison était la nôtre. On s'est marié le 29 août 2006, le jour de ton

      anniversaire, tu te souviens ? A cette époque tu étais biologiste dans un laboratoire pharmaceutique.

      Quelques mois après je suis tombée enceinte. Comme on avait besoin d'argent, tu t'es porté

      volontaire pour essayer un nouveau médicament contre l'anxiété et le stress. Du moins c'est ce

      qu'ils disaient. En fait, il s'agissait d'un puissant analgésique dont personne ne connaissait les effets

      secondaires. Un soir, après la naissance de Jules, tu as eu une crise d'épilepsie, à cause du

      traitement. Tu avais notre bébé dans les bras et vous êtes tombés violemment. Quand je suis rentrée

      vous étiez par terre, inconscients. J'ai de suite appelé les secours, mais il était trop tard pour lui.

      Quand à toi, ce traitement et la chute ont eu de lourdes conséquences sur ta mémoire et ton

      comportement. Depuis tu es imprévisible et dès qu'on évoque Jules, ça provoque chez toi des

      sortes de crises. Pendant les plus violentes tu te prends pour un missionnaire ou un tueur à gage

      et tu reviens systématiquement ici pour tuer Alexandre Tapia...

  -   … Cet homme dangereux qui a tué son enfant.

Tout était si flou, cette femme, ces papiers, cette photo, cette maison. Après plusieurs minutes, longues et silencieuses, les choses prenaient petit à petit leur place. Il baissa les bras, résigné et s'approcha d'elle. A cet instant une détonation résonna. Alex fut pris d'une vive douleur à la poitrine et s'effondra. Anaïs se mit à hurler, se précipitant vers son mari, abasourdie par ce qui était en train de se passer. La tête posé sur le sol et le regard vide, Alexandre vit le visage de sa femme s'approcher de lui. Il se rappela soudain de tout. Il se revit à l’hôpital quelques jours auparavant. Son meilleur ami, Éric, était à son chevet. Il lui montrait une photo de Jules avec au dos une adresse, en lui indiquant qu'un certain Alexandre Tapia avait tué son fils et qu'il lui fallait réparer cette injustice.

  -   Éric... dit-il dans un dernier soupir.

Il partit sous les larmes de son épouse effondrée, qui ne comprit pas ce dernier message.

 


A quelques dizaines de mètres de là, Éric rangea son arme et quitta les lieux. S'en était fini, il ne nuirait plus à personne à présent.

Publié dans Ecriture

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C
Bonjour Manon<br /> <br /> Pas mal pour un coup d'essai ! Mais tu as laissé de nombreuses fautes d'orthographe (les jurés de concours snt stricts là-dessus, en génnéral) et des répétitions. Je trouve de plus qu'il y a un<br /> gros problème de cohérence sur la fin : comment son ami Eric peut-il le tuer ? Je veux dire : pour prendre le risque qu'implique un meurtre, il faut sacrément aimer celui pour lequel on le commet<br /> => comment Eric peut-il ne pas connaitre l'identité et le visage d'Alexandre Tapia ?<br /> Bonne chance tout de même pour le concours !
Répondre
L
<br /> <br /> Merci pour se commentaire constructrif ! Tout d'abord, oui, un coup d'essai, plus pour l'expérience que pour le gain. Comme tu le met à jours, ce texte a beaucoup de faiblesses. D'après ton<br /> intervention, je crois qu'à trop vouloir suggérer, j'ai manqué de précision. Pour résumer la fin que je souhaitais transmettre : Eric connait toute l'histoire, puisqu'il est l'ami proche de ce<br /> couple et les aides du mieux qu'il peux. Cependant, par amour (caché) pour Anaïs, il abuse de la maladie de son ami Alexandre, le pousse à la folie et décide de le supprimer. De ce fait, fini les<br /> crises, les mises en dangers et les soucis. Encore merci pour ton intervention, et n'hésite pas à recommencer :D<br /> <br /> <br /> <br />